Je profite de ce trajet retour en train vers Compiègne pour vous partager l’intuition que j’ai reçue ce matin sur notre pèlerinage : il est ancré dans la passion et la résurrection du Christ !

Il se déroule sur trois jours, vendredi, samedi et dimanche. 3 jours, cela ne vous rappelle rien ? 3 jours, cela semble toujours passer très vite. Le dimanche en repartant, on souhaiterait que cela dure plus longtemps afin de prolonger ce moment hors du temps. Mais en fait, c’est bien suffisant pour être plongé aux côtés du Christ dans une mort et une renaissance. Mort à nos routines, nos habitudes du quotidien, nos égoïsmes.

Renaissance dans l’amour du Christ que nous rapportons chacun dans nos foyers et qui porte notre couple, nos engagements, notre vie pour des mois.

Le pèlerinage commence en fait bien avant le vendredi, au moment de l’inscription. Que l’on vienne par habitude ou invité par un ami, en arrière c’est toujours Dieu qui nous appelle. A ce moment-là, on ne sait pas forcément pourquoi on marche. On est rempli d’appréhensions : est-ce que je peux laisser mon épouse seule 3 jours avec les enfants en bas âge ? Ou la laisser gérer les conduites des ados qui partent par monts et par vaux ? Est-ce que je peux décrocher de mon boulot ou comment va se passer l’inventaire de la boite sans moi ? Est-ce qu’il fera beau mais pas trop chaud ?

En fait, s’inscrire c’est déjà faire confiance à Dieu : “Père non pas ma volonté…”

Jésus au Jardin des Oliviers a été abandonné par les siens. Nous avons tous autour de nous quelqu’un qui ne comprend pas et à qui cela pose question (et qui nous pose des questions !) : qu’est-ce que tu vas faire en Provence, marcher en plein cagnard pour quoi faire… ? A l’inverse, le vendredi matin, au petit matin (ou plutôt au milieu de la nuit), il nous faut abandonner les nôtres et refermer la porte en silence.

“Abandonner” cela peut être perçu comme une attitude lâche et négative. Il s’agit ici de faire confiance, s’abandonner à Dieu, les abandonner dans les bras du père qui prendra soin d’eux.

A la question posée par Pilate, le peuple a choisi de libérer Barabas. Chaque pèlerin choisit lui le Christ comme compagnon pour ces 3 jours.

Le Christ s’est chargé de sa croix. Le vendredi midi, après le pique-nique, chaque pèlerin se charge de son sac à dos. Sac à dos toujours trop plein de ce que l’on n’a pas osé abandonner… Ce sac sera notre croix “physique” pour ces trois jours. Il contribue à l’effort (pour ne pas dire souffrance mais ce serait glisser sur un terrain doloriste) du pèlerinage. En cela il est indispensable. Chaque pèlerin arrive également avec ses croix du quotidien qu’il vient déposer à Cotignac : difficultés dans son couple, son boulot ou avec ses enfants voire même blessure ou souffrance plus profonde. Chacun sa (ses) croix mais finalement, au fil du chemin, je me rends compte que ma croix ressemble à celle de mon voisin. L’échange en simplicité et vérité avec ce compagnon de route m’aide à porter ma croix tel Simon de Cyrène.

Au moment de mourir sur la croix, Jésus confie Marie à Jean et Jean à Marie. Le vendredi soir, lors du partage dans la clairière, chacun confie au groupe ce qu’il porte. A travers cet échange, l’Esprit Saint me confie les membres du chapitre et je les reçois comme des frères. En retour, je me sens porté par ces mêmes frères. En témoignent les temps de prière du samedi qui sont plus profonds, plus intenses et qui contiennent plus de silences (autant de place pour l’Esprit Saint). Oui cette église particulière qu’est notre chapitre est née le vendredi soir. Elle se fonde sur nos misères, nos morts partagées dans la pénombre de la clairière.

Malgré tout, la marche du samedi est toujours plus dure que celle du vendredi. La fatigue fait son œuvre, la chaleur ajoute son lot d’efforts. La montée vers le sanctuaire est longue et éprouvante. Rappelez-vous, le samedi, Jésus est au séjour des morts… et d’ailleurs en arrivant au Bessillon, on commence par déposer notre vie aux pieds de St Joseph. Après avoir déposé ce fardeau, on se sent plus léger. D’autant plus si on a profité de la marche pour être renouvelé dans l’amour de Dieu par la confession.

Sur le chemin du Bessillon à Notre Dame de Grâces, on est un homme nouveau ! Cette heure de marche supplémentaire n’est pas une heure de souffrance de plus mais un cheminement dans la confiance et dans l’amour du Christ, les premiers pas vers une résurrection.

Résurrection qui se concrétise le dimanche matin dans la clarté du jour naissant. Les premiers rayons du soleil viennent nous réveiller au milieu de ce jardin d’oliviers. Une nuit réparatrice après l’adoration, une superbe lumière, un paysage magnifique, une ambiance paisible et chaleureuse (et surtout pas de marche prévue aujourd’hui) ; une vraie résurrection pour le corps et pour l’esprit. Après avoir tout déposé aux pieds du Seigneur par l’intermédiaire de Joseph, on commence déjà à recevoir les Grâces promises par Notre Dame.

Nous voilà maintenant dans le train du retour qui nous ramène “dans le monde”. A nous de rapporter ce que nous avons reçu à nos proches, nos collègues mais surtout à notre épouse et nos enfants. Un peu comme les pèlerins d’Emmaüs qui vont témoigner aux disciples de la rencontre qu’ils ont faite avec le Christ ressuscité.

Alleluia !

Nicolas