Devenir père c’est un chemin, parfois accidenté, parfois obstrué, on ne sait pas toujours quelle direction prendre.

Le pèlerinage des pères de famille de Cotignac est lancé chaque année la 1ère fin de semaine du mois de juillet. Cette rencontre exclusivement masculine est rythmée par le fil du chapelet qui guide notre parcours spirituel, des échanges informels et de franche camaraderie en petit comité et au quotidien, sur fond de paysage de Provence apaisants, dont la beauté aspire à s’émerveiller plutôt que de se focaliser sur la fatigue et les courbatures.

L’un des piliers de cet événement, au-delà d’une communion quasi nationale le dimanche à Cotignac avec des pères de famille issus de tous les départements, et la rencontre chaque année avec Monseigneur Rey, Monseigneur Bataille en 2021, ou le père René-Luc, si connu des jeunes sur les réseaux sociaux, reste un temps de partage par chapitre, en l’occurrence celui de Compiègne, auquel je participe, grâce à l’appel de Pierre Vassent, qui a mobilisé avec un naturel décoiffant, plusieurs dizaines de nos congénères chrétiens.

Ce temps d’une profondeur rare, où en cercle nous nous tournons les uns vers les autres et vers le Christ, pour confier ce que nous avons de plus meurtri dans nos vies mais aussi notre irrésistible espoir de surmonter ces épreuves. Qu’il s’agisse d’un deuil, d’une difficulté conjugale, d’une impasse familiale, le cœur et l’écoute de nos compagnons de route soutiennent et résolvent même par un silence bienveillant les pires doutes et les plus grandes craintes. Appelons cela une forme de solidarité masculine mais c’est encore plus grand et chaque fois ça me dépasse. Le Christ est présent au milieu de nous, nous réconforte et nous indique une nouvelle route d’espérance.

Chanter, c’est prier deux fois nous dit Saint Augustin, peut être que marcher avec d’autres pères, discerner avec eux, s’orienter vers la meilleure direction à prendre dans notre vie, partager les mêmes difficultés, partager des convictions profondes sur la société, une certaine vision du monde et du bonheur, tendre vers un lieu saint chargé d’Histoire, supporter la chaleur, le poids du sac et la distance, complète également notre chemin de foi.

Au contact des autres pères, j’ai appris de nouvelles manières de créer le dialogue avec mon épouse et mes enfants, faire grandir la confiance en eux et surtout donner de l’importance aux petits gestes du quotidien. Sont également présents des hommes qui aspirent à devenir père et qui viennent requérir l’intercession de Saint-Joseph pour le concrétiser.

L’expérience d’une longue marche entre pères est parfois le plus court chemin pour le devenir pleinement.

En Christ.

 

Antoine MARTIN