Rendez-vous au temple, rue de Clamart.
✅Vendredi 20 janvier 2023✅
✅ 20h
✅Temps de prière pour l’unité des chrétiens ✅
Catholiques, protestants, orthodoxes réunis
Seigneur Jésus,
Qui a prié pour que tous soient un,
Nous te prions pour l’unité des chrétiens,
Telle que tu la veux,
Par les moyens que tu veux.
Que ton Esprit nous donne
D’éprouver la souffrance de la séparation,
De voir notre péché,
Et d’espérer au-delà de toute espérance. Amen.

Prédication du père Pascal lors de la soirée de prière œcuménique du vendredi 20 janvier 2023 au temple de l’Église protestante unie de Compiègne.

✅ Lecture du livre du prophète Isaïe, chapitre 1
11 Que m’importe le nombre de vos sacrifices ? – dit le Seigneur. Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j’en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’y prends pas plaisir.
12 Quand vous venez vous présenter devant ma face, qui vous demande de fouler mes parvis ?
13 Cessez d’apporter de vaines offrandes ; j’ai horreur de votre encens. Les nouvelles lunes, les sabbats, les assemblées, je n’en peux plus de ces crimes et de ces fêtes.
14 Vos nouvelles lunes et vos solennités, moi, je les déteste : elles me sont un fardeau, je suis fatigué de le porter.
15 Quand vous étendez les mains, je détourne les yeux. Vous avez beau multiplier les prières, je n’écoute pas : vos mains sont pleines de sang.
16 Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de ma vue vos actions mauvaises, cessez de faire le mal.
17 Apprenez à faire le bien : recherchez le droit, mettez au pas l’oppresseur, rendez justice à l’orphelin, défendez la cause de la veuve.
18 Venez, et discutons – dit le Seigneur. Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront aussi blancs que neige. S’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront comme de la laine.
❇️ Méditation du père Pascal Monnier
Ces versets qui entourent le verset 17 du premier chapitre d’Isaïe qui a été choisi comme thème à la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, nous interpellent. C’est le moins que l’on puisse dire.
Alors que nous sommes rassemblés pour ensemble nous tourner vers le Seigneur, les mots d’Isaïe peuvent nous déconcerter, peut-être même nous attrister.
« Vos sacrifices, je n’y prends pas plaisir. Cessez d’apporter de vaines offrandes. Les assemblées, je n’en peux plus. Vos solennités, moi, je les déteste. Quand vous étendez les mains, je détourne les yeux. »
Essayons de nous mettre à la place de ceux qui entendent ces paroles… Paradoxalement, ici le culte ancien nous est décrit en détail. C’est toute la liturgie d’Israël qui est décrite et donc attaquée par le Seigneur lui-même à travers les mots du prophète.
Imaginons les réactions diverses que ces propos ont pu engendrer dans l’assemblée qui les reçoit. Nous comprenons d’ailleurs que les prophètes aient pu subir la colère du peuple et de ses chefs. Nous savons comment Jésus lui-même aura aussi à les subir, jusqu’à la mort. « Vous êtes bien les fils de ceux qui ont assassinés les prophètes » (Mt 23, 31)
Ces paroles sont terribles parce qu’elles viennent remettre en cause la nature même du culte que les fidèles s’appliquent à rendre à Dieu. « Je suis fatigué ! » dit le Seigneur là même où il est censé être honoré.
Il y a ici une dimension essentielle où nous sommes, j’oserai dire, à égalité : Quel que soit notre culte, et nous le savons bien différent… que nous soyons attachés à le déployer selon nos traditions respectives, il exige de nous qu’il manifeste notre volonté commune de servir et d’aimer le Seigneur !
J’aimerais tant que les scrupuleux, les donneurs de leçons en ce domaine mettent autant d’ardeur à défendre le droit et à rendre justice à l’orphelin qu’à vérifier l’exactitude des formules ou la hauteur des cierges !
Le culte sans amour, non seulement ne sert à rien (1Co 13) mais même, nous dit ce soir Isaïe, il déplait à Dieu !
Comment donc ne pas être interpellés nous-même ce soir alors que nous venons « étendre les mains » devant le Seigneur ? Va-t-il détourner le regard ? « Vous avez beau multiplier les prières, je n’écoute pas… » Va-t-il plus nous écouter, nous, que les fils d’Israël ?
Nous comprenons donc que nous ne pouvons pas nous contenter d’en rester à de pieuses formules, à de jolis textes et à de belles prières. Notre rencontre de ce soir, si nous osons espérer qu’elle trouve grâce devant le Seigneur, doit donc se débarrasser de tout ce que le prophète dénonce. « Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7, 21)
C’est le seul culte qui plaît à Dieu. Le Seigneur semble donc ne pas vouloir que nous soignions la façade. Regardez, nous sommes ensemble, c’est formidable. Quel beau témoignage ! … Acceptons, d’aller au cœur, accueillons avec toute l’attention qu’il mérite cet appel du prophète : « Apprenez à faire le bien. »
Venez et discutons, dit le Seigneur. Il nous ouvre le chemin du possible. Ce soir, avec vous, je me laisse donc interroger par la Parole reçue ensemble : « Apprenez à faire le bien ».
C’est différent que d’arriver plein de bonnes intentions : Ce soir, je vais faire le bien. Je vais prier avec des frères d’autres confessions. Le Seigneur en veut plus. Il veut notre cœur.
Ce soir, je dois davantage me demander si je suis venu pour apprendre plutôt que de faire ce que je crois savoir… est-ce que je veux apprendre ? Est-ce que j’ai l’humilité d’accepter que pour arriver à faire un peu le bien, j’ai tout à apprendre.
Accepter qu’en la matière, faire le bien, j’ai, nous avons tout à apprendre. Nous ne sommes pas, nous ne serons jamais, pauvres que nous sommes, des sachants du bien. Nous ne pouvons être de ceux qui savent mais qui ne font pas… de ceux qui font porter des fardeaux qu’ils ne touchent pas du doigt.
C’est du concret que le Seigneur nous demande : « recherchez le droit, mettez au pas l’oppresseur, rendez justice à l’orphelin, défendez la cause de la veuve. » Nous recevons un programme clair. Tellement clair, qu’il est évidemment une source profonde d’unité.
Voilà où et comment nous pouvons agir ensemble. Apprenons… à faire parler la Parole. Écoutons ce que le Seigneur nous demande. C’est en acceptant d’apprendre concrètement ensemble que nous oserons faire le bien.
Combien attendent justice aujourd’hui parmi nos frères en humanité ? Combien d’oppressés à libérer de tant d’esclavages modernes ? Combien d’orphelins et de veuves, de petits et de pauvres attendent que l’on défende leur cause ?
Voilà, bien au-delà de ce qui nous séparent, ce qui aujourd’hui est un pressant appel à vivre l’unité, en apprenant à faire le bien. Y allons-nous ?
Nous sommes heureux d’entrer en dialogue. Nous sommes, je l’espère, heureux d’être ici rassemblés. L’appel du Seigneur nous invite à un peu plus que de nous supporter à l’occasion. Pas plus que vous, je ne sais comment mieux faire. Ce qu’en revanche, nous savons tous c’est que nous n’aimerons jamais assez. L’apprendre nous rend humble.
« Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises. » Ap 2, 7